Infertilité

Infertilité

Notions épidémiologiques

La fertilité ou fécondité est définie comme l’aptitude à obtenir une grossesse. Un couple est donc dit fertile ou fécond s’il a obtenu une grossesse. Dans le cas contraire il est dit infertile ou infécond, et l’on parle d’infertilité.

La fécondabilité est la probabilité mensuelle d’obtenir une grossesse. Dans l’espèce humaine elle est d’environ 25 %. Toutefois elle est très variable dans la population. Lorsque cette probabilité est nulle, on parle de stérilité (incapacité totale de procréer naturellement). Lorsqu’elle est faible (< 5 %) on parle d’hypofertilité. De cette notion découle celle de délai nécessaire pour concevoir, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre l’arrêt de toute contraception et l’obtention de la grossesse. Il est en moyenne de 6 mois et l’on ne considère pathologique (anormal) qu’un délai supérieur à 2 ans. Ce n’est en général qu’à ce terme que sont réalisés les explorations et les traitements de l’infertilité.

La fécondabilité varie en fonction de la date des rapports sexuels dans le cycle menstruel. Elle est maximale au moment de l’ovulation, c’est-à-dire en moyenne entre le 13e et le 15e jour du cycle (1er jour = 1er jour des règles) pour un cycle de 28 jours.

Données épidémiologiques

L’infertilité représente un réel problème de santé puisque environ 14 % des couples consultent un médecin au moins une fois pour un problème d’infertilité.

Dans environ 33 % des cas, il est trouvé une cause purement féminine, dans 21 % des cas une cause uniquement masculine, dans 39 % des cas à la fois une cause féminine et une cause masculine et dans 7 % des cas aucune cause n’est trouvée (infertilités inexpliquées).

Facteurs influençant la fertilité

En dehors de toute pathologie, certains facteurs influent grandement sur la fertilité naturelle et après traitement.

Chez la femme :

  • L’âge joue un rôle très important puisqu’au fur et à mesure que l’âge augmente, d’une part les chances de grossesses s’amenuisent de façon très importante et d’autre part il y a une augmentation des fausses couches.
  • Les déséquilibres alimentaires entraînant un excès (obésité) ou un déficit de poids (maigreur) ont une influence péjorative sur la fécondité, agissant en particulier au niveau de la qualité de l’ovulation.
  • Le tabac et l’alcool diminuent également la fertilité.

Chez l’homme : l’âge est associé à une baisse de la fertilité mais à un degré bien moindre que chez la femme. L’obésité, le tabac et l’alcool sont également des facteurs délétères. Certaines conditions de l’environnement (chaleur, solvants, pesticides…) peuvent entraîner une diminution de la fécondité.

Les causes d’infertilité

Causes féminines

Anomalies de l’ovulation : c’est la cause la plus fréquente d’infertilité chez la femme. L’ovulation peut être totalement absente (anovulation) ou présente mais de mauvaise qualité (dysovulation). Ceci se traduit par l’absence de production d’un ovocyte fécondable. Les troubles de l’ovulation peuvent être dus à un dysfonctionnement des ovaires ou des structures cérébrales qui contrôlent leur activité.

Anomalies des trompes : les trompes peuvent être obturées ou altérées, ce qui va empêcher la rencontre de l’ovocyte et des spermatozoïdes. Ces anomalies des trompes sont pour la plupart dues à des infections génitales. Outre leur implication dans l’infertilité, elles peuvent causer des grossesses extra-utérines.

Causes cervicales : la glaire cervicale peut être secrétée de façon inadéquate (quantité, qualité, pH). Ces anomalies peuvent être dues à des infections, des dysfonctionnements des glandes endocervicales ou être consécutives à des traitements de lésions du col de l’utérus (conisation, électrocoagulation).

Endométriose : l’endométriose est caractérisée par des localisations anormales de la muqueuse utérine (ovaires, trompes, cavité péritonéale). L’endométriose provoque dans l’organisme la sécrétion de substances défavorables à la fécondation et au développement de l’embryon et peut donc être responsable d’une infertilité.

Causes masculines

Ces causes masculines ne s’accompagnent pas de trouble sexuel, et la fertilité n’a aucun rapport avec la virilité.

Oligospermie ou nombre insuffisant de spermatozoïdes. Normalement, il y a au moins 20 millions de spermatozoïdes par ml de sperme. On considère généralement qu’un nombre inférieur à 10 millions/ml peut être responsable d’une infertilité.

Azoospermie : dans ce cas là il n’y a aucun spermatozoïde dans le sperme. Il peut s’agir d’une absence de production par les testicules (azoospermie sécrétoire ou non obstructive) ou d’une obturation des canaux permettant l’extériorisation des spermatozoïdes (épididymes, canaux déférents ou canaux éjaculateurs) malgré une production normale de spermatozoïdes par les testicules (azoospermie excrétoire ou obstructive). Dans ce dernier cas, il peut s’agir soit d’une anomalie congénitale (souvent génétique associée à la présence de la mutation de la mucoviscidose) soit d’une séquelle d’infection (acquise).

Asthénospermie ou défaut de mobilité des spermatozoïdes. Il y a normalement au moins 40 % de spermatozoïdes mobiles dans le sperme. En dessous de ce seuil, on parle d’asthénospermie. Il peut également y avoir des anomalies des mouvements des spermatozoïdes (vitesse, trajectoire) et dans ce cas on parle de dyskinésie flagellaire. Quand aucun spermatozoïde n’est mobile il s’agit d’une akinétospermie. Ces anomalies peuvent être dues à des anomalies de structure des spermatozoïdes (défaut de production) ou à des infections.

Nécrospermie : elle est caractérisée par un pourcentage élevé de spermatozoïdes morts (> 50 %). Elle est souvent due à des infections.

Tératospermie : il s’agit ici de la présence d’un taux anormalement élevé de spermatozoïdes anormaux. Selon les classifications employées, le pourcentage minimal de spermatozoïdes normaux dans un sperme normal varie entre 15 et 50 %. Ces anomalies peuvent intéresser toutes les parties du spermatozoïde (tête, flagelle) et sont généralement dues à un dysfonctionnement de la spermiogenèse.

Anticorps anti-spermatozoïdes : dans certains cas (traumatismes) les hommes peuvent s’immuniser contre leurs propres spermatozoïdes, ce qui va entraîner une diminution de leur mobilité et de leurs capacités fécondantes.

Les troubles de l’éjaculation : dans certains cas, le sperme peut être éjaculé non pas vers l’extérieur mais vers la vessie, c’est l’éjaculation rétrograde. Ces troubles sont liés à des maladies neurologiques, souvent dues à des complications du diabète.

Explorations des infertilités

Le choix des explorations est dicté par le contexte et l’examen clinique. Cette liste n’est pas celle des examens obligatoires et elle n’est pas non plus exhaustive, certains examens supplémentaires (biologiques, radiologiques ou explorations chirurgicales) pouvant être prescrits en fonction de chaque cas.

Exploration de la fertilité féminine

Interrogatoire et examen clinique : effectués par un gynécologue, ils permettent de déceler des facteurs de risques d’infertilité et des anomalies morphologiques de l’appareil génital.

Évaluation de la qualité de l’ovulation : l’ovulation s’accompagne d’une élévation de la température corporelle de 0,4 à 0,5°C. La prise de la température quotidiennement, toujours dans les mêmes conditions (heure, thermomètre….) va permettre d’établir des courbes de température, ou courbes ménothermiques, grâce auxquelles l’ovulation va pouvoir être jugée. L’origine précise des troubles de l’ovulation sera identifiée par un bilan hormonal effectué dans les premiers jours du cycle et par une échographie qui visualisera les ovaires.

Évaluation de la glaire cervicale : elle s’effectue en période pré-ovulatoire (dans les jours précédant l’élévation de la température) par l’intermédiaire d’un prélèvement pour établir un score (Insler) basé sur la quantité et l’aspect de la glaire.

L’exploration de la cavité utérine (endomètre) peut être complétée par un prélèvement d’endomètre (biopsie) pour une analyse microscopique, par une visualisation directe à l’aide d’un système optique introduit par le col sous anesthésie locale (hystéroscopie) ou par échographie endo-vaginale. L’examen des trompes peut être précisé par cœlioscopie avec épreuve au bleu de méthylène. Il s’agit d’une intervention chirurgicale sous anesthésie générale qui consiste à introduire dans l’abdomen un système optique par une petite incision cutanée. Elle permet une visualisation directe de l’appareil génital (ovaires, trompes, utérus). La cœlioscopie et l’hystéroscopie peuvent éventuellement être associées à la réparation de certaines lésions.

Exploration de la fertilité masculine

Interrogatoire et examen clinique : ils permettent de déceler des facteurs de risques d’infertilité et des anomalies morphologiques de l’appareil génital.

Examen de sperme : spermogramme qui évalue le nombre, la mobilité et la vitalité des spermatozoïdes, spermocytogramme qui apprécie la morphologie des spermatozoïdes et spermoculture qui recherche une infection dans le sperme.

Test de préparation de sperme : qui consiste à reproduire la préparation du sperme telle qu’elle est faite pour les AMP (assistance médicale à la procréation) et qui va donner le nombre de spermatozoïdes mobiles dont on pourra disposer pour les techniques d’AMP.

Les examens de sperme nécessitent un délai d’abstinence sexuelle de 2 à 6 jours.

Exploration de l’interaction sperme-glaire

Test de Hühner : il consiste à prélever de la glaire cervicale au moment de l’ovulation, une dizaine d’heures après un rapport sexuel. La glaire est alors examinée au microscope et le nombre de spermatozoïdes ainsi que leur mobilité sont mesurés.

Tests croisés in vitro : afin de rechercher l’origine (spermatozoïdes ou glaire) d’une anomalie du test de Hühner, le sperme du conjoint est mis dans un tube, en présence d’une glaire témoin ; de la même façon, la glaire de la patiente est incubée avec un sperme témoin.